Indépendance numérique

Sensibilisé depuis longtemps au capitalisme de surveillance, je tente à mon échelle et avec mes connaissances techniques de changer mes outils et autres applications au profit d’alternatives plus respectueuses de mes données personnelles avec également comme objectif de me les réapproprier.

De Google Workspace à Nextcloud

J’essaie depuis maintenant quelques années de me passer des services de Google pour ma vie personnelle. Ce n’est pas simple mais j’ai largement diminué ma dépendance. Cela faisait déjà un moment que l’idée me trottait dans la tête pour le côté pro mais j’ai réellement quitté Google Workspace (la suite de Google à destination des professionnels) en mai 2021.

Je ne sais plus comment j’ai découvert Nextcloud, le fork d’Owncloud. Il y a plus de trois ans déjà, je testais Nextcloud sur mon propre serveur web via leur installation simplifiée. Et encore bien avant cela, j’expérimentais l’installation de Cozy Cloud sur ma Raspberry Pi… Disons que j’aime expérimenter.
J’ai choisi Nextcloud pour trois raisons :

  • C’est un logiciel open-source qui a une grande communauté ;
  • Une multitude d’applications est proposée en plus de la gestion de fichiers comme un calendrier, gestion des contacts, etc ;
  • Une application pour macOS est également proposée afin de ne pas avoir à se connecter constamment à une version web, ce que je trouve extrêmement pratique.

Le test d’auto-hébergement était concluant sur un usage minimal mais j’ai soulevé plusieurs problèmes lors de ce test. Mon serveur n’était pas adapté, à la fois en terme de performance mais aussi en terme de stockage. Ces deux points sont faciles à résoudre en changeant de serveur. Ma plus grosse problématique était la maintenance. Mes connaissances techniques sont limitées et j’avais trop peur de perdre des données essentielles à mon entreprise. J’aurais également pu mal configuré Nextcloud, ce qui pourrait engendrer des risques de sécurité ou simplement des pertes de données lors d’une mise à jour. C’est pourquoi j’ai abandonné cette idée à l’époque. Il fallait donc que quelqu’un gère cet aspect technique à ma place.

Le choix de l’hébergeur

Pour effectuer ce changement de cloud, j’ai regardé différents fournisseurs. Mes besoins étaient relativement simples :

  • Proposer une adresse email ;
  • Proposer un hébergement web pour mon portfolio ;
  • Proposer un hébergement Nextcloud ;
  • Les serveurs doivent être localisés en France ;
  • Proposer des tarifs attractifs.

Gandi m’a paru être le choix le plus adapté puisqu’il réunissait tous ces critères !

Après bientôt un an d’utilisation…

Après bientôt un an d’utilisation, je suis plutôt satisfait de mon choix. Mes données ne sont plus exploitées. Nextcloud répond aussi bien à mes attentes que Google en terme de performance et d’usage au quotidien. L’interface est simple, bien que je ne l’utilise que très peu, l’application macOS qui permet de visualiser mes fichiers dans le Finder étant bien plus pratique.
J’ai malheureusement eu une déconvenue. Gandi propose l’installation de Nextcloud sous forme simplifiée mais la maintenance n’est pas inclue dans leur formule… Chose qui n’est pas claire sur leur site à mon sens. Après deux nouvelles versions majeures de Nextcloud où j’ai demandé au support de bien vouloir mettre à jour mon instance, j’ai compris que je ne pourrais plus faire appel à eux pour cette tâche. Et comme souvent, j’ai beau suivre à la lettre les instructions pour mettre à jour manuellement Nextcloud, cela ne se passe jamais comme prévu… Ayant souscrit pour une année chez eux, j’envisage de basculer pour une autre solution à la fin de mon engagement.

De Twitter à Mastodon

Tout le monde connait Twitter et les dernières dérives d’Elon Musk, mais si je passe de moins en moins de temps sur ce réseau social, c’est surtout au profit d’un autre plus éthique et plus respectueux de mes données personnelles. Inscrit sur Mastodon depuis août 2018 sur l’instance de la Quadrature du Net, j’ai décidé récemment de passer sur ma propre instance.

Le choix de l’hébergeur

Comme pour Nextcloud, il était hors de question que je me lance dans de l’auto-hébergement. Et cette fois-ci, je devais prendre un hébergeur qui assurerait la maintenance. Après quelques recherches, j’ai trouvé deux solutions :

J’ai opté pour masto.host, en raison principalement de son coût inférieur à celui de Spacebear. Cela dit, les caractéristiques des offres différent légèrement. De plus j’avais longuement entendu parler en bien de masto.host grâce à diverses personnes sur Mastodon dont Aral Balkan. À noter également que les serveurs sont basés en France.

Après 1 mois d’utilisation…

Je ne referais pas un énième descriptif de Mastodon mais ce que je peux noter à ce jour :

  • Une instance individuelle n’est pas adaptée à un nouvel arrivant : la timeline locale permet de découvrir des utilisateurs et d’être découvert par eux ;
  • L’espace de stockage de mon instance semble vite se remplir alors que je ne suis pas un gros utilisateur… ;
  • J’ai libéré une place d’une autre instance ;
  • Les posts ou réponses de personnes que je ne suis pas ne sont pas affichés. Il faut aller sur leur profil respectif pour avoir accès à l’ensemble de leurs publications… C’est par conséquent assez frustrant et contraignant ;
  • L’application Metatext est une bonne solution mais je suis ravi de voir apparaitre Ivory. Créé par Tapbots (les développeurs de l’app Tweetbot) qui à terme me permettra de synchroniser via iCloud la position de lecture de ma timeline.

Conclusion

Si ma motivation première est de me passer d’outils qui abusent de mes données, « posséder » mes données est tout aussi important à mes yeux. Je suis bien conscient que je ne les possède pas véritablement puisque je fais appel à des prestataires, mais je gagne tout de même en indépendance et en contrôle par rapport à des services centralisés et propriétaires.

Dans cette optique de possession, j’ai récemment mis en place mon Tweetback, une solution qui permet d’héberger ses tweets sur son propre serveur.
Je suis également ravi de pouvoir expérimenter de nouveaux usages même si cela implique une contrepartie financière mais qui se justifie par le contrôle de mes données. On a tendance à oublier que chaque service a un coût, quel qu’il soit. Et pour finir, cela me permet d’estimer ce fameux coût de ma présence en ligne.

Pour conclure, je crée d’une certaine façon, mon identité numérique. Avec ces choix je peux rassembler mes différents services sous mon nom de domaine et je crée également ma résilience digitale. Je me demande maintenant : quel sera mon prochain service ?! 😉

Photo de Harrison Broadbent sur Unsplash